L’agriculture occupe une place importante dans l’économie des pays ouest africains. Plusieurs filières y sont développées pour répondre aux besoins du marché domestique mais aussi à l’exportation. Le maillon transformation reste le moins développé dans la plupart des filières agroalimentaires. Ce qui fait qu’une bonne partie des produits sont vendus cru dégageant ainsi une faible valeur ajoutée. Ce qui constitue un manque à gagner pour les acteurs directs mais aussi pour l’Etat notamment en matière de création d’emploi.
A cet effet, il est noté ces dernières années une prise de conscience collective impulsée par les gouvernants qui encouragent la transformation et la consommation des produits alimentaires locaux (subventions voire exonération des intrants et des équipements agricoles, facilitation de l’accès au financement, organisation des foires, mois de consommer local entre autres).
Ainsi, de la transformation quasi-artisanale émergent progressivement quelques unités industrielles modernes. Dans le marché, retrouve-t-on des produits transformés comme le riz local usiné, le jus de mangue, le concentré de tomate, le jus d’ananas et d’anacarde, le lait de soja, le chocolat, le café, le thé, la confiture, le beurre de karité pour ne citer que ceux-là.
Mais, pour les transformateurs comme pour les consommateurs, l’un des défis majeurs pour l’écoulement des produits locaux est l’emballage.
En effet, les produits locaux font face à la concurrence des produits importés dont les emballages sont souvent de meilleure qualité et très attractifs pour les consommateurs.
Au même moment, les produits locaux même ceux ayant des certifications (hygiène, salubrité, bio,…) sont très peu valorisés en matière d’emballage.
Quatre défis majeurs sont liés à l’emballage des produits locaux : la qualité, le coût, la présentation et la disponibilité :
– Les emballages utilisés sont souvent de qualité médiocre selon les consommateurs. Ce qui pourrait accélérer la dégradation du produit même avant sa date d’expiration ;
– L e coût de l’emballage est jugé trop élevé pour les transformateurs. Ce qui viendrait se greffer sur le coût de production et alourdir le prix de revient du produit. Cette situation risque de rendre le produit local moins compétitif sur le marché en face des produits importés ;
– Les emballages sont souvent mal présentés et les informations utiles mal renseignés ;
– La disponibilité des emballages sur le marché local n’est pas toujours garantie. Le marché des emballages reste encore très limité et des ruptures de stock sont régulières.
Au regard de ces contraintes, des efforts restent à faire par les différents acteurs directs et indirects pour améliorer l’utilisation des emballages afin de valoriser les produits locaux sur le marché africain mais aussi international.
Si les Etats déploient des efforts pour la certification des produits (ITRA, INH, HAUQUE au Togo ; INRAB, ANAN et ABSSA au Bénin…), le marché des emballages reste une opportunité à saisir par le secteur privé. Les partenaires et les organismes d’appui aux acteurs directs du secteur agricole doivent accompagner les transformateurs dans la démarche qualité et dans le marketing des produits locaux afin qu’ils donnent plus de valeur aux produits et en tirer une meilleure valeur ajoutée.
Gilles AMOUSSOU, Expert en politique agricole