L’originalité des travaux, publiés en mars dernier dans la revue Peer Community Journal, vient de l’idée d’utiliser les fourmis légionnaires comme relais d’échantillonnage des virus animaux et végétaux circulant dans un écosystème forestier tropical. Les colonies de fourmis légionnaires constituées de centaines de milliers d’individus effectuent des raids spectaculaires, chassant une très large gamme de proies vivantes, mais aussi dévorant des carcasses d’animaux ou se nourrissant directement de plantes.
Cette étude de métagénomique virale a été produite par des équipes des instituts de recherche français du Cirad, de l’IRD (Institut de Recherche pour le Développement) et de l’INRAE (Institut National sur la Recherche Agronomique) en collaboration avec des partenaires sud-africains, américains, congolais et gabonais. Menés par Philippe Roumagnac, du Cirad, et Eric Leroy, de l’IRD, ces travaux montrent que les fourmis légionnaires peuvent accumuler une très grande diversité de séquences virales bactériennes, végétales, invertébrées et vertébrées. « Cette approche a permis de détecter chez les fourmis la présence de 157 genres viraux différents appartenant à 56 familles virales, ce qui est exceptionnel en termes de diversité virale », explique Philippe Roumagnac, virologue au Cirad.
Vers une surveillance précoce des zoonoses virales en milieu forestier tropical
Ces travaux précurseurs représentent une première étape, qui pourrait ouvrir la voie à des études à grande échelle sur le virome – ensemble des virus – de tous les écosystèmes forestiers tropicaux. Les fourmis légionnaires pourraient ainsi devenir des alliés de choix dans les travaux sur l’émergence des maladies et dans la surveillance précoce de virus zoonotiques pouvant passer de l’animal à l’humain et entraîner la survenue d’épidémies.
CIRAD