En Afrique subsaharienne, l’agriculture occupe 60% de la population active et représente 23% du PIB du continent, mais seuls 3% des crédits lui sont consacrés. En réponse à cette situation, F2.0 propose de modifier la logique de financement. Cette solution va être bientôt utilisée au Togo.
Les agriculteurs deviennent clients des Instituts de Micro Finance (IMF) et s’endettent pour leurs intrants. Les Organisations Paysannes (OP) qui jusqu’alors finançaient à crédit ces intrants, peuvent, grâce à F2.0, s’endetter pour leur acheter une partie de leur récolte, constituer un stock et le vendre pendant la période de hausse des prix agricoles.
Avec la solution F2.0, les producteurs peuvent financer les intrants de la campagne agricole, vendre leur récolte à un prix équitable et bénéficier indirectement des profits générés par l’OP.
Quant aux organisations paysannes, cela leur permet d’augmenter leur capacité de financement sur des activités moins risquées (stock vs. production), d’utiliser leur capacité d’endettement au financement d’une activité génératrice de profits (achat/vente des stocks) et de dématérialiser leur gestion du cash.
La solution permet aux Instituts de Micro Finance de s’assurer de l’objet des crédits, d’augmenter leur activité (deux crédits au lieu d’un), de réduire le risque et de simplifier la gestion administrative de ces clients.
Le fonctionnement
Deux facteurs principaux expliquent la réticence des institutions à financer le secteur agricole. Il s’agit du coût (montants faibles, complexité d’analyse, clients éloignés, tout concourt à en faire une activité non rentable) et du risque (absence de garanties des producteurs, risque climatique, marchés imprévisibles ; le secteur est considéré à raison comme très risqué).
- Financement des intrants
La remontée des besoins sous forme de commandes permet à l’agent de crédit de financer des centaines de producteurs très simplement. Les décaissements se font de compte à compte dans l’IMF (compte producteur vers compte OP) sur base des livraisons d’intrants uniquement, ce qui garantit l’objet du crédit. Le travail de l’agent de crédit est largement facilité, même si les visites de terrain continuent d’être utiles.
- Financement des stocks
L’Organisation Paysanne obtient un crédit au moins égal à la somme des crédits intrants obtenus par ses membres. Cette somme est dédiée à l’achat de récolte à ses membres afin de faciliter le remboursement des crédits intrants. Le stock ainsi constitué sera écoulé sur la période de hausse des denrées alimentaires, permettant à l’OP de générer des profits. Ces profits avec les actifs représentés par les stocks sont la meilleure garantie qui soit pour l’IMF.
- Gestion du risque
En matière de gestion de risque, F2.0 permet de garantir à 100% l’utilisation (l’objet) des crédits. Au-delà de cet impact direct, il revient aux institutions financières partenaires de définir et mettre en place des mécanismes qui améliorent la gestion du risque. On mentionnera en particulier les mécanismes de renforcement de l’épargne, solidarité entre les OP et leurs membres, remplacement de garanties non fongibles par des actifs circulants et de la vente d’assurance agricole indicielle sur le capital restant dû.
Après le Sénégal et l’Éthiopie, F2.0 continue son expansion en Afrique de l’Ouest avec en 2023 le Bénin et la Côte d’Ivoire.