Est appelé produit agricole biologique, tout produit résultant des pratiques agricoles qui répondent aux normes établies pour les cultures biologiques notamment l’absence d’apports d’engrais et de pesticides chimiques.
Des normes sont élaborées pour suivre et attester de l’authenticité de ses produits. Ces normes varient selon les régions (Label AB, Eurofeuille pour l’UE, Ecocert pour en Afrique de l’Ouest). Ces normes varient aussi selon les cultures, les espèces animales, etc.
Ainsi, la production du bio impose une traçabilité rigoureuse allant de l’analyse du sol, des pratiques agricoles spécifiques, du traitement et du conditionnement particulier des produits, entre autres.
Au fil du temps, tenant compte des imperfections enregistrées et de la sécurité sanitaire des aliments, ces normes du bio deviennent de plus en plus rigoureuses et même contraignantes.
Le continent africain dont l’accès aux intrants chimiques a été toujours difficile devait particulièrement jeter son dévolu dans cette agriculture qui est peu éloignée des pratiques agricoles traditionnelles. Mais les contraintes ci-dessus énumérées n’ont pas favorisé une adoption rapide de la production biologique sur le continent non plus à l’instar du reste du monde.
De 50 millions d’ha en 2005, les superficies mondiales des cultures biologiques ne sont que de l’ordre de 100 millions d’ha en 2022 emblavées par moins de 5 millions de producteurs.
En Afrique, la culture bio occupe moins de 3 millions d’ha occupant moins d’1 million d’agriculture, soit à peine 20% de l’effectif mondial. Les principaux pays producteurs en Afrique subsaharienne sont l’Ouganda, la Tanzanie, l’Ethiopie, la Sierra Léone, le Kenya, le Togo et la RDC.
Aux exigences de certification, s’ajoutent les rendements faibles aggravés par les changements climatiques, les prix élevés qui ne sont pas à la portée des consommateurs locaux, etc.
Ces difficultés entravent l’évolution du biologique comparativement à l’agriculture conventionnelle et même renforcée par la promotion des organismes génétiquement modifiés promus par les géants de l’industrie agrochimique.
Dans les pays en développement notamment dans ceux menacés par l’insécurité alimentaire, l’agriculture biologique destiné à la consommation humaine est même en net recul. Le rétropédalage observé récemment au Sri Lanka ayant déclaré une généralisation de la culture biologique dans le pays 6 mois plutôt en 2021 est une parfaite illustration.
En dépit des vertus indéniables pour la santé humaine, la protection de l’environnement, la culture biologique piétine et sa progression est trop lente voire stagnante.
Il revient aux acteurs de trouver un compromis pour augmenter les rendements afin d’assurer la sécurité alimentaire tout en réduisant la dégradation de l’environnement et des ressources naturelles.
Pour ce faire, deux options méritent notre attention :
- Raisonner la culture biologique en se focalisant sur des filières qui offrent un avantage comparatif certain ;
- La seconde alternative la plus intéressante est offerte par l’agroécologique ou l’agriculture durable.
Par Gilles Amoussou, Expert en politique agricole