De par sa contribution à la production agricole mondiale, la production halieutique constitue le troisième sous-secteur agricole. Mais la production halieutique ne cesse de prendre d’importance d’année en année en raison de nombreuses utilisations de ses produits principalement le poisson et ses dérivés que sont la farine et l’huile de poisson.
La production halieutique mondiale est passée de 86 tonnes en 1980 à 130 millions tonnes en 2022. Elle représente environ 17 % des apports en protéines animales.
Si pendant dans les années 90, la production aquacole ne représentait qu’à peine 19% de la production pêche et aquacole, elle vient de franchir la barre de 51 % en 2022.
Ainsi, pour la première fois, la production piscicole mondiale a surpassé celle de la pêche de capture. Ce retournement de situation historique est une bonne nouvelle dans la mesure où les humains manifestent leur détermination à satisfaire les besoins en protéines halieutiques à partir de l’aquaculture. Ce qui pourrait également témoigner d’une prise de conscience quant à la gestion rationnelle des stocks de produits halieutiques.
Mais cette tendance mondiale varie selon les pays et dépend largement de la disponibilité des ressources en eau (mer, fleuve, rivière, lac,…), des pratiques agricoles, de l’orientation politique, etc.
En effet, une analyse de l’offre de produits halieutiques indique qu’elle est dominée par l’Asie qui représente plus de 70 % de la production mondiale d’animaux aquatiques tout comme de la production aquacole. Les autres gros producteurs sont l’Inde, l’Indonésie, etc.
Quant au continent africain, il représente environ 7 % de la production halieutique mondiale grâce à l’offre des pays comme l’Egypte, Maroc, Afrique du Sud, etc.
Aussi, la production continentale reste-elle fortement dominée par la pêche.
En Afrique de l’Ouest, l’aquaculture ne représente que 12 % de la production totale de poissons avec des écarts allant de 1 % au Sénégal, à 5 % en Côte d’Ivoire et à 17 % au Ghana.
Dans une sous-région où le déficit en protéines animales reste élevé et se traduit par les importations massives de poissons d’une part, et par la pression sur les ressources halieutiques notamment la pêche artisanale par les populations locales et la pêche industrielle par les sociétés transnationales d’autre part.
Cette situation interpelle toutes les principales parties prenantes du développement durable du sous-secteur halieutique. Il s’agit principalement de poursuivre la sensibilisation et la répression pour une pêche plus responsable mais aussi surtout d’investir dans la pisciculture pour saisir les opportunités offertes par le marché domestique et pour rattraper la tendance mondiale au développement de l’aquaculture.
Par Gilles Amoussou, Expert en politique agricole