L’Afrique a connu ces vingt dernières années un déclin rapide de son couvert forestier. Comprendre la dynamique de l’utilisation des terres suite à la déforestation constitue une étape importante dans l’atténuation du changement climatique, car elle a un effet significatif sur la biomasse forestière, la biodiversité et le cycle de l’eau.
C’est aussi un outil précieux pour atteindre les chaînes d’approvisionnement zéro déforestation ainsi que pour la mise en œuvre d’actions d’atténuation de la déforestation par les gouvernements et les agences de protection des forêts.
Grâce à l’imagerie satellite à haute résolution et à l’IA, une équipe de chercheur a établi la première cartographie à haute résolution et à l’échelle continentale de l’utilisation des terres suite à la déforestation en Afrique de 2001 à 2022.
L’étude Mapping the diversity of land uses following deforestation across Africa publiée dans la revue Nature révèle une mosaïque nuancée d’utilisations des terres allant des cultures de base comme le cacao, la noix de cajou, le palmier à huile, le caoutchouc, le café et le thé jusqu’à l’exploitation minière, les pâturages et diverses échelles d’agriculture.
Les terres cultivées à petite échelle ont été le principal facteur de perte de forêt en Afrique, entraînant 64 % de la perte totale de forêt entre 2001 et 2020. C’était également le cas pour la plupart des pays avec une proportion particulièrement élevée à Madagascar (88 %), en République démocratique du Congo (RDC) au Burundi (81 %), aux Comores (79 %), au Malawi (76 %), en Angola (75 %) et au Mozambique (74 %).
Le deuxième facteur est « les autres terres à couvert arboré » (OLWTC), qui constitue toute conversion forestière liées à plusieurs facteurs comme les incendies, la foudre, les défrichements spéculatifs ou les terres abandonnées. Elles contribuent à 10 % de la perte totale de forêt en Afrique avec des proportions élevées au Gabon (34%) et en Guinée équatoriale (34%).
Cacao, café, huile de palme, caoutchouc, cajou représentent 7% des pertes des forêts
Les terres cultivées à grande échelle sont le troisième facteur de perte de forêt en Afrique (9 %), les proportions les plus élevées par pays se trouvant au Cap-Vert (67 %), en Gambie (53 %), au Niger (50 %), au Soudan (47 %) et au Nigéria (44 %).
La proportion de conversion des forêts en faveur de cultures de base comme le cacao, la noix de cajou, le palmier à huile, le caoutchouc et le café représentait 7 % de la perte totale de forêts en Afrique. Bien sûr par pays, les proportions peuvent être élevées.
Ainsi pour cacao, la proportion la plus élevée a été trouvée au Ghana (25 %), en Côte d’Ivoire (21 %) et au Libéria (15 %) ; pour la noix de cajou en Côte d’Ivoire (7 %), le Ghana, la Guinée et la Tanzanie constituaient chacun (6 %), et le Mozambique (5 %). En revanche, une forte proportion de palmiers à huile a été trouvée au Gabon (6 %), le Libéria, le Ghana et la Côte d’Ivoire en possédant chacun (2 %) ; une forte proportion d’hévéa se trouvait principalement au Gabon (7 %), en Côte d’Ivoire et au Cameroun chacun (3 %) et au Libéria (2 %) ; la contribution du café se retrouve principalement au Kenya (1%).
De plus, la proportion de pâturages la plus élevée a été observée au Niger (27 %), en Somalie (22 %) et au Kenya (18 %). La conversion des peuplements forestiers a été principalement observée en Gambie (10 %), au Rwanda (8 %) et en Guinée équatoriale (6 %) ; de même, les routes représentaient la majorité de la perte de forêt en Guinée équatoriale (14 %), au Gabon (6 %), au Congo (5 %) et au Cameroun (3 %), tandis que l’exploitation minière représentait une proportion plus élevée au Cap-Vert (12 %).
Botswana (7 %) et Guinée équatoriale (5 %). L’eau a été principalement observée au Niger (14 %), la plupart des changements étant associés aux méandres des rivières. Sans surprise, la proportion la plus élevée de forêts de plantation se trouve dans les pays d’Afrique australe tels que l’Eswatini (46 %) et l’Afrique du Sud (37 %).
Les pays d’Afrique de l’Ouest, en particulier le Ghana, la Côte d’Ivoire et le Libéria, ont le taux de conversion des forêts pour la production de cultures de base le plus élevé souligne l’étude.