Faire de l’agriculture, un secteur productif, à forte valeur ajoutée, moteur de valeur économique des agriculteurs et de croissance du pays : tel est la vision stratégique du gouvernement togolais en ce qui concerne le secteur agricole. Une ambition qui s’appuie sur plusieurs leviers au rang desquels, la promotion des Zones d’Aménagement Agricole Planifiées (ZAAP). Cette réforme qui pourrait être qualifiée d’innovante suis son cours avec des résultats encourageants sur le terrain.
Les Zones d’aménagement agricole planifiées sont nées de la volonté du chef de l’État de renforcer la sécurité alimentaire, d’améliorer les conditions de vie des producteurs et de faire du Togo un pôle d’excellence d’exportation des produits agricoles conformément aux objectifs de la Feuille de route gouvernementale Togo 2025.
Ce sont notamment des zones qui constituent en effet des blocs de production d’au moins 100 ha de monoculture sur lesquels sont concentrés des producteurs pour une production encadrée. Elles permettent d’assurer une production en quantité importante et garantir un approvisionnement régulier en matière première des unités de transformation.
Selon le ministère en charge de l’agriculture, les sites sont destinés en priorité aux filières agricoles identifiées comme stratégiques pour notre pays, à savoir, le riz, le sésame, l’anacarde, le maïs, le soja, le soja, le maraichage. La mobilisation des coopératives de producteurs sur ces sites donne priorité aux jeunes et aux femmes.
Ces dernières années, le Togo s’est considérablement investis dans le développement des ZAAP dans le but donc de renforce la sécurité alimentaire et nutritionnelle du pays, de développer des industries de transformation agroalimentaire afin d’apporter plus de valeur ajoutée aux produits agricoles, ce qui permettrait l’amélioration de la balance commerciale agricole.
« L’initiative prise par l’Etat est noble. Elle vient se substituer à l’approche des agropoles tant souhaités mais qui a du plomb dans l’aile. La mise en place des ZAAP a permis de regrouper surtout les jeunes et les femmes ensemble dans une exploitation où ils bénéficient des renforcements des capacités à travers les structures de l’Etat mais également d’autres partenaires qui interviennent dans le secteur agricole », a indiqué à AgriTorch, Olou Adara Ayéfoumi, Président du Conseil d’Administration de la Coordination Togolaise des Organisations Paysannes et de Producteurs Agricoles (CTOP).
« Il est plus facile à l’Etat de faire la promotion des filières porteuses et de les faire porter par les producteurs eux même à créer de la richesse. Les ZAAP sont des zones de production mais potentiellement des marchés d’approvisionnement certains capables de créer un environnement propice à l’accès aux crédits agricole. L’accès aux crédits intrant aux producteurs conduit par l’ANSAT en est un exemple qui force aujourd’hui l’admiration et la satisfaction des producteurs. Les ZAAP sont des lieux privilégiés des champs école paysans qui sert de vitrine à la promotion de l’agriculture durable », a-t-il ajouté.
Des résultats encourageants
Sur la période 2021-2022 en effet, au total 130 ZAAP ont été réalisées et mises en exploitation pour une superficie de 12 608 ha sur toute l’étendue du territoire. A la date de fin novembre 2023, le Togo comptait au total de 222 ZAAP sur l’ensemble du territoire, couvrant une superficie totale de 32 230 hectares.
Parmi ces ZAAP, l’agropole de la Kara se démarque avec 38 en cours d’aménagement au cours de cette année, dont 31 couvrent une superficie allant de 200 à 700 hectares. L’objectif affiché est claire : il est question d’aménager 400 ZAAP sur toute l’étendue du territoire d’ici 2025 à raison d’au moins 100 ha par ZAAP dans chacune des cantons des 05 régions économiques du pays.
En termes de productivité, les statistiques font état de ce que les rendements des exploitants des ZAAP sont supérieurs à ceux des producteurs hors ZAAP avec une différence moyenne de 36% (33,5% pour le sorgho, 77,5% pour le maïs, 18,25% pour le riz et 30% pour le soja). Une marge qui exprime l’impact des investissements consentis par le gouvernement dans l’exploitation des ZAAP. En effet, les exploitants des Zones aménagées ont vu leurs bénéfices majorés de 65 % en moyenne dans les filières porteuses notamment le soja, le maïs, le riz et le sorgho.
Certaines de ces zones sont par ailleurs identifiées par l’Agence de transformation agricole (ATA) comme des ZAAP d’excellence. Elles bénéficient à cet effet de l’appui accompagnent de l’agence de transformation Agricoles (ATA) et de l’institut de conseil et d’appui technique (ICAT) à travers le labour, les semences, les intrants et la recherche de marchés pour l’écoulement des produits.
Une aubaine pour les femmes rurales
Dans l’exploitation des ZAAP, il est prévu que 40 % des bénéficiaires soient des femmes et des jeunes. L’entrepreneuriat féminin dans le secteur agricole a ainsi également connu un engouement avec un taux d’accroissement de 35,1 %. Selon les données officielles, les femmes exploitent 27 % de la surface totale de l’échantillon de 54 ZAAP. Un salut pour les femmes rurales quand on sait qu’à leur niveau, le premier moyen de production est le foncier sans quoi il n’y a pas de production. Dans un pays où ce foncier s’hérite en grande partie et que dans beaucoup de contrées, la femme n’a pas accès à cet héritage, il y a de quoi se réjouir d’autant plus que la majeure partie des productrices n’ont pas de moyens pour pouvoir acheter la terre pour leur épanouissement et autonomie.
« Sur les sites Zaap, ces dernières sont très actives et mettent toutes les chances de leur côté pour plus de rendement. Les femmes ont chacune des parcelles d’exploitation dont elles s’occupent. Elles participent à toutes les formations sur le respect des itinéraires techniques pour plus de productivité. Les coopératives de femmes sur les Zaap se démarquent par leur organisation réussie qui favorise l’autonomisation économique de ces femmes et renforce leur participation, leur représentation et leur implication dans le développement durable du secteur agricole » se réjouit-on du côté du ministère de l’agriculture, de l’élevage et du développement rural.
Au demeurant, l’objectif des ZAAP de faciliter l’accès des petits producteurs vulnérables aux facteurs de production se concrétise de plus en plus sur l’ensemble du territoire. Les travaux se poursuivent sur le terrain car il s’agit d’aller encore plus loin avec l’intensification de l’’aménagement des terres, de la mécanisation agricole, de la maîtrise de l’eau, de la construction des pistes rurales, d’amélioration des voies d’accès aux ZAAP qui demeurent des préoccupations.
Le gouvernement entend par ailleurs promouvoir la spécialisation des ZAAP en vue de créer des clusters agro-économiques, des chaînes de valeurs intégrées et d’exploiter l’avantage comparatif de chaque localité du pays.
« Nous souhaitons que l’Etat puisse continuer par multiplier si possible l’installation des ZAAP non seulement dans les cantons mais jusqu’aux villages. Il faut également renforcer le dispositif de suivi régulier dans les ZAAP et faire développer l’esprit coopératif entre les exploitants. Il faut mettre en place des structures de stockage et des mini systèmes d’irrigation pour faire développer le maraichage dans les ZAAP et ouvrir des voies sur les zones pour permettre l’écoulement des produits », recommande le président de la CTOP.
A l’endroit des producteurs, il a souhaité un engagement à développer non seulement l’esprit d’entrepreneuriat collectif, l’esprit coopératif entre eux-mêmes. Dans cette dynamique, ils sont également appelés à s’adapter aux nouvelles technologies, et partager les expériences réussies.
Il faut souligner que l’économie togolaise repose essentiellement sur l’agriculture (41 % du PIB). Le secteur emploie à lui seul 60 % de la population active du pays, essentiellement des femmes qui interviennent activement sur l’ensemble des chaînes de valeurs agricoles.
David Soklou