Au nord-ouest du Togo, à une centaine de kilomètres de Lomé, le mont Kloto affiche un beau paysage pittoresque. Koffi Sedo, un homme d’une cinquantaine d’années arpente son exploitation agricole de deux hectares. Il est venu inspecter ces jeunes plants d’acacias qu’il a plantés récemment.
Le sol est dépourvu de couvert végétal et présente un aspect rougeâtre. Monsieur Sedo déclare : « Ce sol s’est appauvri à cause du ruissellement des eaux de pluie. Mais grâce à ces plants, il s’enrichira à nouveau dans quelques années. »
Monsieur Sedo produit du maïs, du manioc, du haricot et d’autres cultures. Il plante des arbres sur son exploitation pour restaurer la fertilité du sol et améliorer ses rendements. Il explique avoir constaté que ses terres se dégradaient au fil des années à cause du ruissellement des eaux et du changement climatique.
Cela a diminué ses rendements agricoles. En 2013, il décida de planter des arbres sur son exploitation pour régénérer le sol. Il commença à payer chez les pépiniéristes de jeunes plants qu’il met en terre au milieu ou autour de sa parcelle.
Monsieur Sedo soutient que les arbres qu’il plante en périphérie constituent des haies. Ces plantes agissent comme une barrière naturelle contre le vent et le ruissellement des eaux de pluie et les glissements de terre sur son exploitation. Les arbres qu’il plante à l’intérieur de la parcelle favorisent la fertilisation du sol à travers la décomposition des feuilles qui tombent au sol. Il ajoute que leurs racines favorisent l’activité microbienne, facilitant ainsi la libération des éléments nutritifs essentiels pour les plantes.
Monsieur Sedo plante de l’albizia, de l’erythrophleum, et du moringa. Il souligne que ces arbres résistent aux conditions climatiques de la localité et ne demandent pas un grand apport en engrais.
Il ajoute qu’il privilégie ce type d’arbres pour leurs fruits et leurs feuilles qu’il peut consommer ou vendre pour avoir des revenus. Il déclare : « Les débuts étaient difficiles, car il fallait payer les jeunes plants. Mais aujourd’hui, grâce au revenu que je tire des arbres je peux payer mes plantes. »
Alexandre Essowè Pitassa est un ingénieur forestier et chef de la division Agriculture durable et protection de l’environnement de l’ONG Centre d’Action pour le Développement Rural au Togo. L’ONG forme les agriculteurs et les agricultrices aux techniques de fabrication d’engrais et de pesticides à partir des sous-produits agricoles (culture et élevage) et de débris végétaux.
Monsieur Pitassa précise que la formation a consisté à apprendre aux producteurs et aux productrices les techniques de plantation des arbres dans les champs et les semis en ligne pour optimiser l’exploitation de la superficie. Il apprécie l’initiative de monsieur Sedo et conseille aux agriculteurs et aux agricultrices de choisir des espèces d’arbres adaptées aux conditions locales et de les planter en rangée pour rationaliser l’utilisation de leur superficie.
Il recommande aussi d’adopter les pratiques de gestion intégrée des cultures, telles que l’agroforesterie. Dans l’agroforesterie, les cultures sont produites à proximité des arbres pour une synergie bénéfique. Par exemple, les arbres comme le moringa et l’anacardier procurent de l’ombre aux cultures, améliorent la fertilité du sol grâce aux éléments nutritifs libérés par leurs racines et contribuent à réduire l’érosion. Cette approche permet non seulement d’optimiser l’espace, mais également de réduire la dépendance aux intrants chimiques.
Depuis un an, monsieur Sedo bénéficie du soutien technique et financier de l’ONG pour renforcer ses capacités en agroforesterie. Avec cette formation, il a appris à gérer la terre pour optimiser l’exploitation de sa parcelle notamment par le semis en ligne.
Il explique que la technique consiste à semer les céréales et les légumes en rangées régulières sur des sillons peu profonds, d’un à trois centimètres de profondeur, creusés en ligne droite, en respectant une distance appropriée entre chaque sillon. L’espacement minutieux des sillons permet une gestion efficace de l’espace et facilite l’entretien des cultures, tels que le désherbage et le binage.
Atsufoe Amegbo est une productrice de la même région qui cultive des céréales, notamment du maïs et du riz. Elle a bénéficié aussi de la formation sur l’agroforesterie. Elle explique qu’elle applique ses nouvelles connaissances en plantant des arbres comme le moringa et l’anacardier. Madame Amegbo témoigne qu’elle a augmenté ses rendements agricoles, notamment en maïs sur sa parcelle d’un hectare et demi. Elle déclare : « Avec l’agroforesterie, mes terres sont redevenues fertiles ! »
Madame Amegbo explique que la plantation d’arbres est un travail manuel et nécessite des efforts physiques. Elle déclare : « Cela est fatigant pour nous les femmes. »Elle note que l’accès à l’eau pour arroser les arbres en saison sèche est difficile. Pour entretenir les jeunes plants pendant la saison sèche, elle puise l’eau à la fontaine communautaire chaque matin.
Maxwell Evenunye Kumessi est le directeur exécutif du Centre d’Action pour le Développement Rural qui offre des formations sur l’agroforesterie depuis 2013. L’ONG a formé au moins 300 personnes, qui reçoivent chacune des semis d’arbres à la fin de session de formation.
Monsieur Kumessi espère que le projet de formation a permis de restaurer les sols et la flore locale, tout en diversifiant les revenus des agriculteurs et des agricultrices grâce aux produits supplémentaires des arbres.
Cela contribue en retour à améliorer la sécurité alimentaire dans la région. Les agriculteurs et les agricultrices nourrissent le même espoir. Monsieur Sedo déclare : « L’agroforesterie est la clé pour restaurer notre terre et garantir un avenir meilleur pour nos enfants. »
Djamiou Aboudou/ farmradio