Le programme Technologies pour la transformation de l’agriculture en Afrique (TAAT) donne des résultats concrets, considère la Banque Africaine de Développement (BAD). La BAD se livre à une introspection générale de ses objectifs à l’approche de ses Assemblées annuelles du 26 au 30 mai 2025 à Abidjan.
En octobre 2017, le président de la BAD, Akinwumi Adesina, avait le premier dévoilé les contours de cette initiative destinée à « nourrir l’Afrique » ; TATT se voulait « une réponse qui mise sur le savoir et l’innovation pour déployer à grande échelle les technologies éprouvées à travers l’Afrique », expliquait l’ancien ministre de l’agriculture du Nigeria.
L’Éthiopie a atteint son autosuffisance en blé et est même devenu pays exportateur, en quelques années. Le Soudan a pour objectif d’autosuffisance en blé dès la campagne 2025-2026.
Lancé en 2018, ce programme a depuis « démontré l’importance d’une démarche d’innovation à travers l’agriculture climato-intelligente, utilisant des technologies à fort impact pour stimuler la production », juge aujourd’hui la BAD dans un compte rendu publié sur son site Internet. Le programme serait parvenu à accroître la productivité agricole et à atténuer les risques par la diversification et la transformation dans plusieurs chaînes de valeur agricoles.
Continent aux ressources naturelles abondantes, l’Afrique dispose de 65 % des terres arables non exploitées dans le monde, mais importe la majeure partie de ses denrées alimentaires et où plus de 220 millions de personnes souffrent de sous-alimentation chronique. Les prochaines Assemblées de la BAD donneront lieu à un « partage des connaissances » sur ce point. L’innovation étant une donnée essentielle des politiques de développement, elle permet de créer une plus grande adaptabilité à l’environnement et aux besoins, tout en stimulant la croissance économique, juge l’institution panafricaine.
Le programme a intensifié la diffusion de variétés de blé résistantes à la chaleur, de maïs résistant à la sécheresse, de riz à haut rendement, de manioc, de haricots à haute teneur en fer, de sorgho, de mil, de patate douce à chair orange et de races de bétail de haute qualité et productrices de lait, ainsi que d’alevins auprès de plus de douze millions d’agriculteurs, augmentant ainsi la production agricole d’environ 25 millions de tonnes.
Les succès de l’Éthiopie
Grâce à ces efforts d’innovation, considère la BAD, le TAAT a changé la donne dans le paysage semencier du continent avec une augmentation de la qualité et de la production alimentaire dans plusieurs pays, dont l’Éthiopie, la Zambie, le Zimbabwe et le Soudan. Le programme intègre 236 technologies basées sur les semences dans 46 projets d’investissement à grande échelle répartis dans 34 pays africains, permettant de produire des aliments pour une valeur marchande totale de 2,8 milliards de dollars.
Les exploitants agricoles ont pu augmenter leurs rendements et améliorer leurs moyens de subsistance grâce à des techniques de gestion plus efficaces de l’eau et des traitements contre les parasites tels que la redoutée chenille légionnaire d’automne.
Par exemple, le programme TAAT a aidé l’Éthiopie à devenir un exportateur net de blé en l’espace de cinq ans. Il a également permis d’augmenter de manière significative la production de blé au Soudan et aidé les pays d’Afrique orientale et australe à maintenir la production de denrées alimentaires malgré une sécheresse prolongée.
En Éthiopie, après la mise à l’échelle nationale de variétés de blé résistantes à la chaleur, la superficie de blé irrigué est passée de moins de 5 000 hectares à 650 000 hectares entre la campagne agricole 2018-2019 et celle de 2021-2022. Les rendements ont été doublés et la production de blé a augmenté de 1,6 million de tonnes supplémentaires en 2022. Au total, la production de blé irrigué de 2021-2022 et d’origine pluviale a atteint sept millions de tonnes. L’Éthiopie a ainsi pu atteindre son autosuffisance en blé et réussir le pari de passer d’importateur à pays exportateur en quelques années.
Au Soudan, en 2014-2015, la production de blé couvrait 224 700 hectares, puis 315 500 hectares, donnant une production totale de blé de 1,2 million de tonnes au cours de la campagne 2019-2020, soit le niveau de production le plus élevé de toute l’histoire du pays. Le pays d’Afrique de l’Est a pour objectif d’autosuffisance en blé dès la campagne 2025-2026. De son côté, le Zimbabwe est passé d’une situation d’importateur à celle de pays autosuffisant sur le plan alimentaire grâce au TAAT.
Un tel programme serait difficile à évaluer dans données ; c’est pourquoi il comprend des projets intégrant des technologies numériques par l’utilisation notamment de plateformes numériques pour la collecte de données et la supervision des projets. « Cette option pour l’agri-data permet d’optimiser les ressources et d’améliorer les rendements ainsi que la productivité des surfaces agricoles. L’utilisation de plateformes numériques pour la collecte de données et la supervision des projets optimisent ainsi les ressources et les rendements », commente la BAD.