Le directeur de la direction des filières végétales au ministère de l’Agriculture, de l’élevage et du développement rural, M. Anani Kodjogan Kapdenou parle des filières, de l’agropole de Kara et de la Plateforme Industrielle de Adétikopé au micro de commodafrica.
Dans de récents rapports, la Banque Mondiale et la SFI tirant le bilan de l’agriculture au Togo estimaient notamment que la productivité demeurait faible et les investissements du secteur privé insuffisants. Une feuille de route Togo 2025 pour relancer le secteur agricole a été lancée en 2020, quelles sont les priorités et premières mesures qui vont être mises en oeuvre ?
Le constat de la faiblesse de productivité est fait également par le pays même. L’objectif de la feuille de route est de pouvoir couvrir les besoins en terme de sécurité alimentaire mais aussi approvisionner les usines de transformation pour développer l’agro-industrie. C’est aussi pouvoir rééquilibrer la balance commerciale en matière de produits agricoles.
Pour y parvenir, il faut pouvoir produire à grande échelle et pour cela mieux préparer les sols, travailler sur les semences, les engrais, la mécanisation et l’irrigation. Il y a bien la cohabitation entre le conventionnel et le biologique pour pouvoir maximiser les opportunités qu’offrent les marchés. Il y a la production végétale mais aussi l’élevage à travers le développement de l’aviculture, de la production bovine, des petits ruminants et l’aquaculture. Nous nous engageons dans une démarche intégrée de la production jusqu’à la transformation et la distribution.
Une belle réussite est la filière soja qui a porté sa production à 120 000 tonnes en 2022 et est allée jusqu’à la transformation avec l’implantation de Togo Soja sur la Plateforme industrielle d’Adétikopé (PIA). Une réussite mais ne s’est-elle pas fait au détriment de la filière coton dont la production chute ces dernières années, le soja semblant une culture plus rémunératrice ?
Si nous avons une lecture focalisée sur une seule filière, nous ne voyons pas toute la dynamique engagée. Il y a la filière ananas, karité ou même de l’aviculture où nous avons des entreprises de taille conséquente qui s’installent et se développent avec des résultats palpables. Bien sûr pour le soja, il y a une croissance forte tirée initialement par la demande d’exportation vers l’Union européenne surtout pour le soja bio. L’usine dans la PIA vient consolider la dynamique sur le plan national dans la transformation.
Quand vous voyez l’ensemble des filières, il serait un peu restrictif de mettre seulement a contrario la filière soja et coton. Toutes les filières sont confrontées à certaines réalités comme le changement climatique ou la pression parasitaire. Il faut voir comment chaque filière essaye en son sein de générer des solutions.
Deuxième point, c’est de voir comment développer des synergies. Car si l’on intègre le soja, le coton et d’autres cultures dans une rotation ou si on met en place des modèles d’incitations cela va permettre de tirer mutuellement les filières pour avoir des effets conjugués. Nous voyons plus le potentiel à développer conjointement des filières qu’à les mettre en opposition.
Pour la transformation, effectivement nous avons vu l’installation d’une usine de transformation du soja. Mais sur cette même plate-forme nous avons des usines textiles qui se sont déployées, sont opérationnelles et qui ambitionnent de transformer 100% du coton togolais.
Mais l’usine textile d’ITRCmg a-t-elle suffisamment de coton pour son approvisionnement avec une production qui ne s’élève aujourd’hui à moins de 50 000 tonnes ? Plus généralement la question de l’approvisionnement des usines se pose-t-elle que cela soit en termes de quantité et/ou de prix ?
Ce qu’il faut relever c’est que des opérateurs sont là et voient le potentiel de l’agriculture togolaise. La production cotonnière a baissé mais avez-vous une idée de la tendance pour la campagne en cours ?
L’objectif affiché est 90 000 tonnes !
Déjà on a une prévision positive. Nous regardons cette dynamique.
L’agropole de Kara est la première à être mise en place sur une dizaine à l’horizon 2030. Où en est-on ?
L’agro parc va être construit de façon éminente. Il y a déjà les centres de transformation agroalimentaire (CTA) qui pour certains sont opérationnels, d’autres en construction. Ces unités vont structurer la production et éviter que les unités de transformation ou de conditionnement fassent face à des multitudes de producteurs.
La production doit aussi être augmentée pour assurer un approvisionnement en matières premières. C’est pour cela que les Zones agricoles d’aménagement planifié (Zaap) sont en train d’être mises en place pour le maïs, le riz, l’anacarde et les cultures maraîchères.
Nous sommes à un tournant. Le gouvernement a déjà créé un environnement favorable pour l’investissement privé. C’est maintenant au privé de saisir la perche pour aller à des investissements concrets en créant des synergies d’actions entre les différents acteurs qui interviennent dans le secteur agricole.