Le Togo jouit d’une grande crédibilité au sein des organisations internationales de café et de cacao de par le monde à savoir l’Organisation Internationale du Café (OIC), l’Organisation Internationale du Cacao (ICCO), l’Organisation Interafricaine du Café (OIAC), et l’Agence des Cafés Robusta d’Afrique et de Madagascar (ACRAM). La filière retient une attention particulière de la part des autorités du pays, en témoigne les investissements consentis ces dernières années, lesquels portent déjà des fruits avec la hausse de la production et des exportations. Mais, de grands défis restent à relever en termes d’amélioration du matériel végétal, de transformation des produits, et de lutte contre certaines contraintes d’ordre environnemental.
Au Togo, le café et le cacao constituent après le coton, les deuxième et troisième cultures traditionnelles d’exportation, procurant d’importantes devises dans le secteur agricole. Ces deux cultures contribuent en effet à la formation de 1,4 % de la richesse nationale et 5,5 % du secteur agricole. Elles sont produites par 31 203 producteurs pour une superficie de 38 058 hectares de café et 20 183 hectares de cacao, selon le recensement DSID 2017.
« Il est clair que ce qui nous crédibilise à l’international n’est pas le volume de production, mais la qualité de nos produits, notre sérieux au travail et la réputation que les autorités de notre pays ont su asseoir à travers le monde », se réjouit Enselme GOUTHON, Secrétaire Général de la Coordination pour les Filières Café et Cacao (CCFCC).
En 2021, le Togo a remporté 3 Prix au programme Cocoa of Excellence Award qui est un concours initié par l’Alliance of Bioversity International et le Centre international d’agriculture tropicale (CIAT) en partenariat avec l’Organisation internationale du cacao. Il s’agit des producteurs Kokou Toulassi du village Tomégbé dans la Préfecture de Wawa (Médaille d’or avec un chèque d’un million de Fcfa), de Dzitri Yawo Semanu d’Agou Gadzépé dans la Préfecture d’Agou (Médaille d’or avec un chèque d’un million) et de Kodjo Etchonou de la localité de Dédomé dans la Préfecture d’Amou (médaille de bronze avec un chèque de 500.000 F). Les prix ont été remis le 22 septembre dernier à Kpalimé lors de la cérémonie de lancement de la campagne de commercialisation 2022-2023 du café et du cacao. Des prix qui confirment la bonne qualité des produits et honorent le pays à l’extérieur.
Des investissements
Pour renforcer la compétitivité de la production du café et du cacao et augmenter le revenu des producteurs et autres acteurs de la filière, diverses mesures ont été initiées ces dernières années par le gouvernement à travers Ministère de l’Agriculture, de l’Elevage et du Développement Rural. La filière bénéficie notamment de divers programmes dont le plan stratégique Togo 2020-2025 et des actions en cours pour augmenter les niveaux de nos productions agricoles : l’appui à l’entretien et à la fertilisation des plantations de caféiers, le recepage pour la régénération de vieilles caféières, l’appui à la protection phytosanitaire des plantations de cacaoyers avec des insecticides et des fongicides, l’appui à l’installation de nouvelles plantations de caféiers et de cacaoyers mis à la disposition des planteurs entre 2020 et 2022.
« Dans le domaine de la recherche développement sur les deux filières, les actions en cours concernent la sélection de nouveaux matériels végétaux tolérants aux bio agresseurs (maladies et ravageurs) et à la sécheresse, les tests de nouveaux schémas culturaux pour le café et le cacao, ainsi que l’identification et le test d’efficacité de bio pesticides botaniques à base de plantes locales pour le contrôle des maladies du cacaoyer. Afin d’apporter aux planteurs un appui-conseil adapté et de proximité, le gouvernement a renforcé, depuis l’année passée, le dispositif de techniciens en milieu rural, en mettant au niveau de chaque canton un conseiller agricole », a fait savoir le ministre de l’agriculture, Antoine Lekpa GBEGBENI.
Par ailleurs, les efforts se traduisent aussi par la signature en avril 2021 d’un protocole d’accord et d’une lettre d’intention avec le « Club des Chocolatiers Engagés » de France, pour valoriser le cacao du Togo sur le marché international, à travers la mise en œuvre d’un projet « Cacao d’excellence », dans l’optique de procurer aux producteurs une rémunération substantielle, la la formation de 3 torréfacteurs togolais à Libreville au Gabon comme formateurs qualifiés pour assurer le recyclage au plan national des autres acteurs du domaine.
Rebond de la production et des exportations
Le lancement de la campagne de commercialisation 2022-2023 a permis aux acteurs de faire un bilan de la campagne précédente et de la production. Selon le Secrétaires Général du comité de coordination pour les filières café et cacao (CCFCC) Anselme GOUTHON, la campagne 2021-2022 à la date du 30 août indique que 3.200 tonnes de café et 5.500 tonnes de cacao ont été exportées par 18 opérateurs économiques, soit un peu plus que la campagne précédente où ces données étaient respectivement de 2.000 tonnes et de 5.400 tonnes.
En termes de production, les initiatives ont permis de passer d’une production de 22 006 tonnes en 2020 à 23 106 tonnes en 2021 pour le café et de 15 030 tonnes en 2020 à 15 782 tonnes en 2021 pour le cacao, selon les données du ministère de l’agriculture. La production de café s’était établie à 2400 tonnes pour la campagne 2020-2021 contre 2500 pour la campagne 2019-2020, soit une baisse de 4 % en un an. Quant au cacao, sa production s’est établie à 6100 tonnes en 2021 alors que sur la campagne précédente, elle ressortait à 10 600 tonnes, soit une décrue de plus de 70 %.
Le ministre en charge de l’agriculture a saisi l’occasion du lancement de la nouvelle campagne de commercialisation pour remercier tous les acteurs et surtout les productrices et producteurs pour leur engagement aux côtés du gouvernement togolais dans ses efforts de développement des filières café et cacao malgré un contexte socio-économique difficile marqué notamment par les effets néfastes de la pandémie à COVID 19 et de la vie chère.
Pour sa part, le ministre du commerce, de l’industrie et de la consommation locale Kodjo ADEDZE a relevé que dans la dynamique actuelle de valorisation des produits locaux, l’ambition des autorités togolaises pour cette filière ne se limite pas qu’à l’exportation mais se situe aujourd’hui plus dans un contexte de consommation locale et de création de richesses. « Aujourd’hui, il est question de créer de la richesse mais en prenant appui sur ce qui est fait localement, les forces de notre économie. Nous voulons créer des chaines de valeur, transformer nos cafés, nos cacaos sur place et il y a déjà des initiatives », a-t-il indiqué, soulignant en outre l’engagement du gouvernement dans la dynamique d’une augmentation substantielle des productions du café et du cacao à travers la mise en place progressive d’infrastructures adéquates et performantes pour assurer la transformation locale.
« La Plateforme Industrielle d’Adétikopé (PIA), qui a été inaugurée par le Chef de l’Etat le dimanche 06 juin 2021, est pour notre pays, la matérialisation d’une nouvelle vision de développement à savoir : Transformer sur place nos matières premières en leur apportant plus de valeur ajoutée et être plus compétitif sur les marchés internationaux», a ajouté le ministre Kodjo ADEDZE.
Des défis à relever
Malgré les efforts, des défis restent à relever afin de renforcer l’accompagnement des acteurs de la filière. Les producteurs restent toujours en effet confrontés aux phénomènes des feux de végétation avec ses dégâts en termes de destruction de plantations entrainant la désolation et le démunie chez les planteurs. A cela s’ajoute la déforestation entrainant une réduction du couvert forestier naturel qui est propice au développement des cultures de café et cacao. Par ailleurs, le vieillissement des vergers, les effets liés au changement climatique entrainant les mortalités des jeunes plants installées demeurent également des préoccupations.
Au regard de ces préoccupation, des réflexions sont en cours, selon le ministère en charge de l’agriculture. Il s’agit de notamment de la maîtrise de l’eau et la mécanisation de l’agriculture afin d’augmenter durablement les niveaux de production de ces cultures, la promotion de la production durable avec le recours aux pratiques agro écologiques plus respectueuses de l’environnement notamment le développement de l’agroforesterie café cacao, la promotion des productions biologiques pour l’amélioration des revenus des planteurs togolais, le renforcement des capacités des unités de transformation existantes et la mise en place de nouvelles usines.
Parallèlement, les actions de sensibilisation devraient également se poursuivre de même que la formation et l’organisation des producteurs, l’identification de nouveaux mécanismes de financement innovants plus adaptés aux besoins spécifiques des acteurs du café et cacao, le développement de mécanismes incitatifs avec l’ambition d’impliquer plus de jeunes dans la filière.
David S.