Les marchés européens ont terminé en nette baisse hier les investisseurs étant surpris par le ralentissement aux États-Unis dans un contexte d’inflation persistance. La bourse de New York s’est également repliée hier tandis qu’en Asie, la bourse de Tokyo progressait ainsi que celle de Chine et de Hong Kong.
Au niveau des changes, le dollar se replie tandis que l’euro se renforce. Le dollar perd hier 0,15% face à un panier de devises de l’euro prend 0,17% à $1,0715 dollar. La livre sterling avance de 0,25% à $1,2492.
Quant au pétrole, il recule sous la pression des derniers indicateurs américains. Le Brent se replie de 0,49% à $87,59 le baril et le brut léger américain (WTI) perd 0,69% à $82,24.
CACAO
Le marché du cacao a perdu un peu de son élan haussier mais demeure très élevé. A Londres, le contrat de juillet a clôturé hier à £9 248 la tonne contre £ 9835 vendredi dernier. Même tendance à New York où les cours ont terminé hier à $10 804 la tonne contre $ 11 461 vendredi dernier.
Cette semaine s’est déroulée à Bruxelles la World Cocoa Conference sur le thème « Payer plus pour un cacao durable ». Les 52 Etats membres de l’ICCO se sont mis d’accord sur un texte, la future Déclaration de Bruxelles, qui souligne la nécessité d’un cacao durable basé sur l’obtention d’un revenu vital pour les producteurs de cacao mais aussi de prendre en compte les coûts environnementaux et sociaux, le rôle particulier des femmes, l’intérêt de la microfinance, de la reforestation et de l’agroforesterie, ou encore l’importance de la protection sociale.
Le texte souligne également l’interconnexion entre le problème de la pauvreté et ses conséquences comme la déforestation et le travail des enfants, et appelle à la mise en place d’un cadre juridique spécifique sur la diligence raisonnable des entreprises en matière d’environnement et de droits de l’homme.
Dans le contexte d’envolée des cours, la montée en puissance des producteurs de cacao, hors Côte d’Ivoire et Ghana, en particulier en Amérique du Sud, a été mis en avant lors de la conférence. L’Equateur a rappelé qu’il pourrait dépasser le Ghana d ‘ici à deux ans (Lire : Cacao : la hausse des prix va doper la production en Amérique latine). En Afrique de l’Ouest, l’ICCO estime que le déficit actuel de production est structurelle pour le Ghana et pour l’instant un évènement isolé pour la Côte d’Ivoire (Lire : Cacao : déficit structurel de production pour le Ghana, isolé pour la Côte d’Ivoire, selon l’ICCO).
En Côte d’Ivoire, la baisse des arrivées dans les ports se confirme avec 1,227 million de tonne (Mt) du 1er octobre au 21 avril, en recul de 28,1% par rapport à la même période en 2022/23.
Le Ghana a besoin d’environ $2 milliards pour combattre la maladie du swollen shoot qui frappent les cacaoyers a estimé le directeur général du Cocobod, Joseph Aidoo. Le pays n’a traité au cours des quatre dernières années seulement 100 000 hectares de plantations de cacao infectées, laissant 500 000 autres hectares à traiter.
Entre 17 et 20% de la superficie totale en cacao est infestée. Joseph Aidoo s’attend à ce que la récolte de cacao du pays remonte à 600 000 tonnes la saison prochaine, contre au maximum 500 000 tonnes cette saison.
CAFÉ
Nouveau record pour le Robusta qui s’est affiché hier à Londres à $4 304 la tonne pour l’échéance juillet contre $4 080 vendredi dernier. En revanche, l’Arabica faiblit à New-York passant de $2,4540 la livre vendredi dernier à $2,281 hier à la clôture pour le contrat de juillet.
Le Robusta est toujours soutenu par le resserrement des approvisionnements au Vietnam et des inquiétudes pour la prochaine récolte avec des conditions toujours chaudes et sèches dans la ceinture caféière du Vietnam. Pour la première fois, les primes ont dépassé les $1000 cette semaine au Vietnam.
Et puis au Brésil, la récolte de Robusta, essentielle cette année où le premier producteur mondial de Robusta dispose d’une moindre production, serait selon les premières indications inférieures de 5 à 10% aux prévisions (Voir ci-dessous).
En Asie, le marché est en surchauffe. Au Vietnam dans les Central Highlands, les caféiculteurs ont vendu leur kilo de café entre 128 200 et 129 500 dongs ($5,06 à $5,11) le kilo contre 105 000 à 105 900 dongs il y a deux semaines.
A l’export, le Grade 2, 5% de grain noir et cassé a été proposé par les négociants avec une prime de $1 105 -$1 100 par tonne par rapport au contrat de juillet. “L’intérêt d’achat des torréfacteurs et des maisons de commerce internationales est toujours grand, mais aucun ne semble disposé à payer les prix exorbitants actuels“, indique Tuan Loc Commodities, basé à Hô Chi Minh-Ville, dans une note
En Indonésie, dans la province de Lampung, sur l’île de Sumatra, un négociant a proposé du Robusta à un prix de $600 dollars de plus que le contrat de mai, contre $550 la semaine dernière.
“La disponibilité des grains est encore limitée et la récolte pourrait commencer en juin”, indique-t-il. Un autre trader a proposé une prime de $500-$560 pour le contrat de juillet contre une prime de $620 une semaine plus tôt.
Au Brésil, la récolte, tant attendue du Robusta, ne se présente pas sous les meilleurs auspices. Les températures extrêmement élevées au cours de l’été dernier ont empêché les grains de se développer correctement, ils sont donc plus petits selon les premières indications.
“Une partie du café Robusta au Brésil est transformé maintenant, après la récolte. Les agriculteurs coupent les cerises en tranches et voient des grains plus petits“, a précise Judith Ganes, analyste des matières premières, ajoutant que cela signifie que les producteurs auront besoin de plus de grains pour remplir un sac de 60 kilos.
Elle estime que la récolte sera inférieure de 5 à 10 % aux prévisions. La plupart des analystes indépendants s’attendaient à une production de Robusta au Brésil comprise entre 21 et 23 millions de sacs.
En Ouganda, les exportations de café ont plongé de 32 % sur un an en mars, affectées par une mauvaise récolte dans l’une des principales régions productrices, la région d’Elgon, ainsi que par des retards dans le début de la saison des récoltes, selon l’Autorité ougandaise de développement du café (UCDA).
Elles se sont élevées à 329 686 sacs de 60 kg au cours du mois. De plus, une pénurie de conteneurs d’expédition a également affecté le marché des exportations.
Côté entreprise, le groupe suisse Nestlé va ouvrir sa première boutique Nespresso à New Dehli avant de s’étendre à d’autres villes. En parallèle, il proposera ses capsules de café sur Internet d’ici à fin 2024.
CAOUTCHOUC
Le marché du caoutchouc glisse toujours et enregistre une quatrième perte hebdomadaire. Parti de 310,8 yens, le kilo de caoutchouc sur l’Osaka Exchange est tombé aujourd’hui à 305,4 yens ($1,96). Même tendance sur le Shanghai Futures Exchange (SHFE) avec une clôture aujourd’hui à 10 045 yuan ($1939,07) la tonne contre 14 565 yuans vendredi dernier.
“La demande anormalement faible de la part de la Chine et des inquiétudes quant aux perspectives de la demande des États-Unis a provoqué de fortes ventes de contrats à terme sur le caoutchouc naturel sur le SHFE, faisant baisser les prix sur l’Osaka Exchange et le Sicom », estime Jom Jacob, co-fondateur de What Next Rubber.
Le sentiment reste baissier dans un contexte de demande insuffisante en aval, alors que certaines industries en aval constatent un manque de nouvelles commandes pour leurs produits, estime Jin Lianchuang, fournisseur de services de négoce de matières premières basé en Chine.
Le Cambodge a exporté 69 322 tonnes de caoutchouc sec au 1er trimestre 2024, en hausse de 5,1 % par rapport au 1er trimestre 2023, selon la Direction générale du caoutchouc.
En valeur, les exportations ont généré $100,5 millions, en hausse de 8 %. La tonne de caoutchouc sec a été en moyenne de $1 450 la tonnes au 1er trimestre 2024, soit environ $41 dollars de plus que celui de la même période de l’année dernière.
En Thaïlande, plaque tournante de l’automobile en Asie du Sud-Est, la production automobile a chuté de 23,08 % en mars sur un an, à 138 331 unités, selon la Fédération des industries thaïlandaises.
Côté entreprise, Toyota Motor retardera le démarrage de sa production de véhicules électriques aux États-Unis et réduira aussi la production nationale de véhicules à moins de 14 000 véhicules par jour d’ici septembre, selon le journal Mid Japan Economist.
COTON
Stagnation du marché du coton avec une clôture hier à 81,08 cents la livre sur l’ICE pour le contrat de juillet contre 81,020 cents vendredi dernier. « La liquidation de l’échéance May 2024 a été sanglante tout en redonnant un sursaut d’activité sur le marché physique.
Cependant tous les indicateurs sont au vert sur le front de la production où la perspective d’un effet El Nina semble s’éloigner » souligne Mambo Commodities. Le regain de demande à la suite de la chute des cours a été particulièrement soutenu en provenance de Chine mais « on craint qu’ils aient peut-être réapprovisionné pour ce dont ils ont besoin pour le moment, et qu’il n’y ait peut-être pas autant d’achats dans un avenir proche » indique Bailey Thomen de StoneX Group.
Dans son rapport d’hier, le spécialiste Cotlook n’observe aucun signe notable d’amélioration en aval de la demande. Ainsi ses prévisions de consommation sont inchangées tant pour 2023/24 que 2024/25.
En revanche, il a revu à la hausse ses estimations de production pour 2024/25, avec des productions plus importantes en au Brésil et aux Etats-Unis, engendrant une augmentation des stocks de clôture.
En Inde, les stocks de coton devraient chuter de près de 31 % en 2023/24 à 2 millions de balles (340 000 tonnes), soit leur plus bas niveau depuis plus de trois décennies dans le sillage du recul de la production alors que la consommation progresse, estime la Cotton Association of India (CAI).
La diminution des stocks devrait limiter les exportations du deuxième producteur mondial au cours de la campagne de commercialisation en cours se terminant le 30 septembre.
Cela pourrait donc potentiellement soutenir les cours mondiaux du coton ainsi que faire monter les prix intérieurs et donc peser sur la marge des entreprises textiles locales.
L’Inde devrait produire 30,97 millions de balles de coton au cours de la saison en cours, en baisse par rapport aux 31,89 millions de balles de l’année dernière, précise la CAI.
Quant à la consommation, elle s’élèverait à 31,70 millions de balles, contre 31,10 millions de balles l’année dernière. Les exportations indiennes de coton pendant cette saison pourraient atteindre 2,20 millions de balles, contre 1,55 million de balles il y a un an, selon la CAI.
PALME
Après avoir chuté de plus de 8%, le marché de l’huile de palme se contracte à nouveau cette semaine avec une clôture hier sur la Bursa Malaysia Derivatives Exchange à 3 874 ringgits ($811,48) la tonne contre 3 928 ringgits vendredi dernier.
Une baisse impulsée par la chute des huiles comestibles et l’augmentation de la production attendue dans les principaux pays producteurs. La faiblesse des huiles douces, en particulier de l’huile de soja, a contraint les prix de l’huile de palme à baisser, souligne Anilkumar Bagani, responsable de la recherche chez Sunvin Group.
En outre, la demande d’huile végétale dans les secteurs des produits comestibles et du biodiesel semble limitée, indique Sandeep Singh, directeur de The Farm Trade.
Les exportations de produits malaisiens à base d’huile de palme entre le 1er et le 25 avril ont chuté de 0,5% par rapport au 1er et au 25 mars selon AmSpec Agri tandis que l’expert en fret Intertek Testing Services a déclaré que les exportations avaient augmenté de 1,5%.
La Malaisie a maintenu son taux de taxe à l’exportation sur l’huile de palme brute pour le mois de mai à 8 %. Le gouvernement a fixé un prix de référence de 4 273,93 ringgits ($894,50) la tonne pour le mois de mai, selon l’Office malaisien de l’huile de palme.
En Indonésie, les exportations d’huile de palme devraient se redresser en avril, après que les expéditions de mars et février soient tombées en dessous de la moyenne mensuelle de l’année dernière, a indiqué le ministère du Commerce.
Les exportations de produits à base de palmier en février se sont élevées à 1,3 million de tonnes (Mt), tandis que celles pour la période du 1er au 27 mars étaient d’environ 885 000 tonnes, en dessous de la moyenne de 1,97 Mt de février 2023 à mars, selon les données du ministère.
Côté entreprise, l’indonésien Astra Agro Lestari a alloué cette année jusqu’à 700 milliards de roupies ($43,1 millions) pour replanter jusqu’à 5 000 hectares de sa plantation en pleine maturité afin de maintenir sa production.
RIZ
Les prix du riz en Inde chute tandis qu’ils sont stables tant en Thaïlande qu’au Vietnam.
En Inde, les prix du riz étuvé 5% sont tombés cette semaine à leur plus bas niveau depuis plus de trois mois à $528-$536 la tonne contre $538-$546 la semaine dernière en raison d’une demande modérée tant en provenance d’Asie que d’Afrique et d’une offre abondante.
Au Vietnam, les prix du Viet 5% sont inchangés à $575-$580. L’activité commerciale ralentit à l’approche des vacances de cinq jours qui commencent ce week-end.
Le Vietnam a pour la première fois dépassé l’Inde et la Thaïlande pour devenir le plus grand exportateur de riz vers Singapour en expédiant pour 36,15 millions SGD ($26,55) de riz au cours du 1er trimestre 2024, en hausse de 80,46% par rapport à la même période en 2023, gagnant 32,03% de part de marché, selon le Bureau commercial du Vietnam à Singapour.
Le Vietnam a été suivi par la Thaïlande avec une valeur d’exportation de 33,63 millions de SGD, tandis que l’Inde est arrivée troisième avec 33,16 millions de SGD
En Thaïlande, les prix du Thaï 5% sont aussi inchangés à $580-$585 a tonne.
Les exportations de riz se sont élevées à 3,06 millions de tonnes du 1er janvier au 24 avril, en hausse de 23,4% par rapport à la même période de l’année précédente, selon le ministère du Commerce.
En valeur, elles ont bondi de 54%. Sur ce volume record, l’Indonésie a acheté 680 099 tonnes, suivie par l’Irak avec 353 100 tonnes et l’Afrique du Sud avec 216 050 tonnes, précise le ministère.
Au Bangladesh, la production de riz de la récolte d’été, Boro, devrait atteindre 20,50 millions de tonnes (Mt), les agriculteurs ayant augmenté leurs superficies pour profiter de la hausse des prix, selon le ministère de l’Agriculture.
SUCRE
Stabilité du marché du sucre. Le roux coté à New York est passé de 19,73 cents la livre vendredi dernier à 19,48 cents hier soir sur l’échéance août. Quant au sucre blanc, la tonne a clôturé hier à $563,60 contre $563,50 vendredi dernier.
Au Brésil, la récolte totale de canne à sucre pour 2024/25 (avril-mars) s’élèvera à 685,86 millions de tonnes (Mt), soit 3,8 % de moins qu’en 2023/24, indique l’agence gouvernementale Conab.
La baisse de 7,6% des rendements en raison de pluies inférieures à la moyenne et d’une chaleur excessive a été partiellement compensée par une hausse de 4,1% des superficies plantée, à 8,67 millions d’hectares.
Quant à la production de sucre du Brésil, elle est projetée par la Conab à un niveau record de 46,29 Mt pour la nouvelle saison, soit 1,3 % de plus que le cycle précédent, qui était également le précédent record.
La production d’éthanol, à base de sucre et de maïs, devrait baisser de 4% à 34,18 milliards de litres. En ne tenant compte que du biocarburant à base de sucre, la production devrait diminuer de 8 %, les usines allouant une quantité croissante de canne au sucre et moins à l’éthanol.
En Inde, le gouvernement avec la perspective de l’amélioration de la production de sucre a assoupli sa politique vis-à-vis de l’éthanol en autorisant les sociétés de commercialisation du pétrole à s’approvisionner en éthanol en détournant 800 000 tonnes supplémentaires de sucre vers la production de biocarburants.
Les inquiétudes concernant la production de sucre en raison de pluies de mousson inférieures à la normale entre juin et septembre ont conduit le deuxième producteur mondial à plafonner à 1,7 Mt la quantité pouvant être détournée vers l’éthanol au cours de la saison en cours, jusqu’à fin septembre.
La situation de l’approvisionnement s’est améliorée suite à des pluies inhabituelles dans le Maharashtra et le Karnataka, le gouvernement a desserré la contrainte.
En Chine, la production de sucre est anticipée à 10,4 millions de tonnes (Mt) en 2024/25, en hausse de 5% par rapport à 2023/24 avec une hausse de 4,3% des superficies plantées de canne et de betterave, selon le département américain de l’Agriculture (Usda). La consommation de sucre de la Chine devrait croitre à 15,7 Mt en 2024/25 (+.5, 2%).
En Thaïlande, la production de sucre devrait chuter de 21,2 % au cours de l’année de production en cours 2023/24, a déclaré l’Office of Sugar and Cane Board.
Côté entreprise, la plate-forme brésilienne de commerce international Timbro prévoit d’augmenter ses exportations de sucre de plus de 40 % en 2024, pour atteindre 2 millions de tonnes (Mt), tout en élargissant ses opérations pour pénétrer le marché de l’éthanol.
Timbro a exporté 1,4 million de tonnes de sucre en 2023, soit une hausse de 75 % par rapport à l’année précédente et un bond important par rapport aux 50 000 tonnes expédiées en 2018.
Elle a l’intention de vendre 50 millions de litres d’éthanol cette année tout en continuant d’accroître son empreinte. Le chiffre d’affaires total de l’entreprise a atteint 12,5 milliards de reais ($2,44 milliards) en 2023, les exportations de cet édulcorant représentant $4 milliards. L’objectif de Timbro est que les revenus provenant des expéditions de sucre et d’éthanol atteignent 6 milliards de reais cette année.