Le riz fait désormais partie des produits alimentaires les plus consommés en Afrique de l’Ouest. D’une consommation spécialement pendant les jours de fête, le riz est rentré progressivement dans les habitudes alimentaires et occupe quotidiennement une place de choix dans les menus des ménages comme ceux des restaurants.
Ce changement progressif de régime alimentaire n’est pas accompagné par l’accroissement de la production domestique. Ainsi, il y a un grand écart entre l’offre du riz local disponible et la demande domestique. Pourtant, la région dispose de nombreuses potentialités pour le développement de la riziculture en tête desquelles se trouvent les nombreux bas-fonds dont la majorité reste encore inexploités.
Si hier la riziculture de bas-fonds était le principal système de production, ce n’est plus le cas aujourd’hui. De nombreuses variétés de semences sont développées notamment par Africa Rice (ex-WARDA) principalement dans le cadre du programme New Rice for Africa (NERICA). Parmi les variétés de semences développées se trouvent des variétés de bas-fonds mais aussi et surtout des variétés de plateau. Ainsi, cette avancée a permis d’élargir les zones de production du riz au-delà de l’écosystème des bas-fonds.
Ces nouvelles variétés ont également apporté de gains en termes de cycle et de rendement. Elles ont des cycles plus courts et des rendements plus élevés comparativement aux variétés traditionnelles.
Pour faciliter l’accessibilité à ces semences, la filière semencière a été libéralisée dans la plupart des pays de la région. Ainsi, l’industrie semencière s’est progressivement développée grâce à plusieurs initiatives dont principalement l’Alliance pour une révolution verte en Afrique (AGRA) sous financement de la fondation Bill et Melinda Gate (BMG). Cette alliance s’est engagée à transformée l’agriculture africaine par l’adoption des variétés de semences améliorées, l’utilisation des intrants chimiques, la formation des acteurs afin d’améliorer la productivité et la production locale. Mais plus d’une décennie d’exécution les fruits sont loin de tenir la promesse des fleurs.
En dépit de ces efforts auxquels s’ajoutent de nombreux projets et programmes publics de promotion de la filière rizicole, la bataille de l’autosuffisance n’est pas gagnée en Afrique de l’ouest.
La couverture des besoins est encore largement assurée par les importations commerciales et les dons des pays asiatiques.
En conclusion on peut affirmer que la filière riz constitue une opportunité d’investissement agricole en Afrique de l’Ouest dans la mesure où la quantité de riz consommée par habitant continue de grimper, l’offre locale toujours insuffisante et les terres agricoles sont encore abondantes et peu valorisées (offre). Néanmoins, des efforts de maîtrise de l’eau et d’équipement de transformation et de conditionnement méritent une attention particulière pour mieux valoriser cette opportunité et garantir à la population une offre en quantité suffisante et de qualité plus rassurante.
Gilles Amoussou, Expert en politique agricole